Trouver l’issue du tunnel

01. Janvier 2022

Daniel Weber* était « à bout de forces » lorsqu’il s’est rendu à la clinique de Münsingen, où il venait d’annoncer son arrivée. À 41 ans, il se sentait épuisé physiquement et avait l’impression d’errer dans un tunnel sans fin. À Münsingen, il a été soigné au service de traitement intégré de la dépression, inauguré en 2017. Il raconte son séjour sur place.

Quels sont vos souvenirs de votre premier jour à la clinique ?

Lorsque je suis arrivé, le thérapeute et deux soignants m’attendaient. J’ai été accueilli avec bienveillance. Ce fut extrêmement important. Il est long et difficile d’expliquer son délabrement intérieur. Dans une telle situation, il est vital d’avoir affaire à des personnes sensibles.

Comment se déroule une journée à la clinique ?

Pendant un mois environ, j’étais totalement dépassé au plan émotionnel. Je dormais beaucoup et passais des heures couché ; j’étais comme une coquille vide et n’avais aucune perspective. La priorité revenait à la survie. Pour moi, il était important de ne plus travailler, car je n’avais fait que fonctionner depuis des mois. Au travail, j’étais encore opérationnel, mais il y avait longtemps que je ne faisais plus le ménage. Des factures impayées et une déclaration d’impôts attendaient que je m’en occupe. À la clinique j’avais un lit, plus d’obligations, plus d’appels téléphoniques et aucune responsabilité.

Et ensuite ?

Peu à peu, mon état émotionnel s’est stabilisé, mes pensées ont cessé de tourner en rond, en partie grâce aux calmants. Puis la médication a été adaptée. À chaque fois, je pouvais donner mon avis et étais écouté. Au bout de sept semaines, je me suis réveillé un matin avec le sentiment que mon moteur s’était remis en marche. Les médicaments avaient fait effet, mais la psychothérapie avait joué un rôle crucial. Durant la cure, j’ai utilisé une corde posée sur le sol pour illustrer les hauts et les bas de mon existence. C’était l’occasion de faire le tri. J’ai même reconstruit mon réseau social. Au sortir d’une dépression, on est isolé. Aujourd’hui, j’ai à nouveau des amis. J’ai fini par retrouver ma joie de vivre, une joie de vivre intérieure.

Quels types de traitement ont été particulièrement efficaces ?

La psychoéducation m’a appris que la dépression est une maladie et pas juste un mal-être. Elle m’a aidé à accepter ce qui m’arrivait. La méthode CBASP**, une thérapie par le mouvement, associe exercices et méditation. Elle remet en lumière des mécanismes simples : comment on se tient ou quel effet cela fait de sourire à quelqu’un. Elle amène à reprendre conscience de soi. Presque toutes les personnes souffrant de dépression profonde n’ont pas fait assez attention à elles-mêmes au préalable. Au sein du groupe de délectation, j’ai compris que tout le monde a le droit d’avoir du plaisir et j’ai pu réveiller mes sens.

Quels étaient vos contacts avec les autres patientes et patients ?

Ce fut la clé du succès. D’autres ont vécu des histoires similaires, dont beaucoup très tristes. J’ai pu discuter de choses dont je n’aurais pas pu parler avec quiconque ailleurs. S’est ainsi que des amitiés se sont nouées. Hier, une ancienne patiente que j’ai connue à la clinique m’a apporté une soupe. Un ami à moi n’est pas encore sorti. Je lui rends visite tous les trois jours.

Comment s’est passée votre sortie ?

Quand j’y repense, mon jour de sortie fut comme une naissance. Auparavant, j’avais tout réglé depuis la clinique : ma situation professionnelle, la famille, les amis, les loisirs, le traitement ambulatoire. Un passeport santé a même été prévu. Il a servi à définir un système d’alerte précoce et à préciser quoi faire en cas d’urgence. À quoi ressemble votre vie après le séjour à la clinique ? Ma vie est plus simple selon la devise « moins, c’est plus ». Toutes sortes de choses ne tournent pas rond dans la société, mais chacun peut aussi décider pour soi-même. Tout doit aller vite et le profit occupe toujours plus de place. Il faut donc apprendre à dire « Stop ! » Aujourd’hui, je vis ma vie. J’ai trouvé un autre emploi et j’ai déménagé. Il m’arrive de retomber dans d’anciens schémas, mais cela peut arriver et ce n’est pas si grave. Mes enfants me demandent beaucoup plus rarement comment je vais. Avant, ils le faisaient souvent. Lorsque je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont dit : « Nous savons que tu vas bien. »   

*Nom modifié par la rédaction.

**CBASP est l’abréviation de Cognitive Behavioral Analysis System of Psychotherapy (technique d’analyse interpersonnelle cognitive et comportementale).  

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